Homélie du Père Augustin du 5ème dimanche de Pâques

HOMÉLIE DU 5ÈME DIMANCHE DE PÂQUES

PREMIÈRE LECTURE:

« Ils choisirent sept hommes remplis d’Esprit Saint » (Ac 6, 1-7)

PSAUME

(Ps 32 (33), 1-2, 4-5, 18-19) R/ Que ton amour, Seigneur, soit sur nous,
comme notre espoir est en toi ! ou : Alléluia !
 (Ps 32, 22)

DEUXIÈME LECTURE

« Vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal » (1 P 2, 4-9)

ÉVANGILE

« Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 1-12)

Alléluia. Alléluia.
Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie, dit le Seigneur.
Personne ne va vers le Père sans passer par moi.
Alléluia. (Jn 14, 6)

Chers frères et sœurs,

Nous sommes déjà au cinquième dimanche de Pâques. Le passage de l’Evangile est un extrait du discours de Jésus au soir du Jeudi Saint. Le contexte est douloureux. Car le Christ vient d’annoncer sa mort et sa résurrection à ses disciples. Ils ont les cœurs attristés. Durant trois ans, ils ont vécu une belle aventure avec lui. Et maintenant, ils se rendent compte que tout va s’arrêter. Il leur ouvre un chemin et il les invite à le suivre. Il veut leur redonner confiance et leur rappeler l’essentiel de leur mission : ‘’vous croyez en Dieu croyez aussi en moi…je suis le ‘’Chemin, la Vérité et la Vie’’. Jésus comme ‘’Chemin, Vérité et Vie’’ constitue un grand thème de méditation. En effet, l’utilité d’un chemin c’est de conduire d’un point de départ à un point d’arrivée. La distance et l’état du chemin permettent de se préparer en conséquence. Faire chemin nous expose à des surprises tant agréables que désagréables. Cela demande de la confiance en soi, de la confiance en l’autre et du goût de l’aventure. S’il n’y a que perfection et réussite sur le chemin, alors ce n’est pas un chemin ni un voyage ; c’est une balade ou une promenade. Mais puisque l’intérêt du chemin est de l’autre côté, l’on fait confiance au processus, on apprécie chaque instant du chemin. Durant le chemin se découvre la Vérité et de l’autre côté nous attend la Vie. C’est ce qui nous donne la force et l’endurance de continuer le chemin. Jésus, comme ‘’Chemin, Vérité et Vie’’ nous invite à une confiance absolue.

 

La question de Thomas nous concerne aussi : « Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas, comment pourrions-nous savoir le chemin ? Thomas veut que Jésus lui donne une réponse précise, objective et bien calquée. Il est en quête de directives et de consignes pour ne pas se perdre en chemin. À travers lui, c’est l’incarnation même de chacun de nous, toujours préoccupé par l’exactitude. Nous avons souvent peur de l’inconnu et de l’échec. Mais en vérité, la foi suppose l’audace d’accepter ne pas tout savoir. Ici, prendre le chemin, appelle à un esprit d’invention et de créativité, assez d’audace et du plaisir pour l’aventure. Jésus ne veut pas nous traiter comme des élèves du CP pour qui il faut tout faire. Il se considère comme le chemin avec des perspectives nouvelles. A chacun de nous de prendre le chemin en direction de la Vie. Quand on a tous les renseignements de la destination, on ne fait plus attention en chemin. En clair, sur le chemin, il y a des risques et des surprises auxquels il faut se préparer tout en faisant confiance au processus. Ainsi donc, il n’appartient pas par exemple à l’Eglise de nous dicter tout ce qu’il faut faire de notre vie, de nos biens, de notre liberté ici et maintenant. Ce serait une autre forme de confinement mental et moral. Dieu ne peut s’enfermer dans des casiers de consignes ou de décrets. La vraie vie est comme un chemin durant lequel on apprend de Jésus, on lui fait confiance et on le partage avec les autres. La foi ne se réduit pas à un simple sentiment religieux dans son ‘’petit coin’’. Elle se vérifie dans les œuvres et les actes.  La foi en Jésus (qui est le ‘’Chemin, la Vérité et la Vie’’) prend racine depuis notre baptême et est appelée à porter du fruit !

Notre foi consiste ainsi à connaître Jésus, à faire grandir en nous le désir de l’aimer et de nous inspirer de sa Vie durant notre chemin. Cela exige de la confrontation avec les autres et avec soi-même. C’est en ce sens que la première lecture trouve écho dans l’Evangile. La participation active des laïcs est bien appréciée et 7 diacres sont retenus pour s’occuper des veuves et des orphelins. Le chiffre 7 symbolise la perfection : donc tout le monde est diacre pour le service des plus faibles. L’autorité hiérarchique de l’Eglise doit donc ouvrir le chemin du service. Car tout pouvoir ou service concentré finit par nous faire perdre l’essentiel du chemin. Concrètement, le service est l’un de ces chemins qui nous ouvre à la Vérité de l’Evangile et à la Vie d’amour en Jésus. En fait, Jésus invite ses disciples et les baptisés d’aujourd’hui à le prendre en exemple comme Chemin de vie. Il a posé des actes courageux de libération et d’amour. Sommes-nous prêts à en faire autant ? Comment, où, quand, à qui et avec qui ? Notre vrai handicap c’est la peur de commencer le chemin. Une fois entamé, s’arrêter en cours de chemin devient difficile. Essayons le premier pas en famille, en couple, en communauté ecclésiale et même dans la rue. Osons commencer en donnant plus d’attention aux étrangers, aux immigrés, aux veuves, aux orphelins, aux divorcé/es, aux rejetés, aux plus affectés de cette vilaine pandémie. Osons commencer le premier pas du chemin !

Prions pour le repos de l’âme du Père Jean-Pierre Akuesson !