Homélie du Père Augustin du dimanche 5 avril 2020 Dimanche des rameaux et la passion du christ

            DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION DU CHRIST

Première lecture : Isaïe 50, 4-7

Psaume 21

Deuxième lecture : Philippiens : 2, 6-11

Evangile, 26, 14-27, 6

“La Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ”

Chers frères et sœurs,

Pas à pas, nous traversons le brouillard et nous nous acheminons radicalement vers les fêtes de Pâques. La Semaine Sainte commence avec le Dimanche des Rameaux et de la Passion du Christ. Occasion privilégiée pour méditer sur le sens de la Souffrance, de la Mort et de la Résurrection. Le Christ nous y conduit et nous en fait sortir.

Nous sommes à Jérusalem. Il sonne probablement 15 heures. Subitement, il fait déjà nuit, nous dit l’Evangile. Surprise générale. Tout a changé d’un coup. Toutes les autorités politiques et religieuses ont l’air grave. La ville est déserte tout est vide. Deux morceaux de bois croisés se font à peine distingués dans le noir et à côté, un gros marteau et quelques clous. Ces morceaux de bois sont faits pour Jésus, devenu source de contradiction, de soupçon et de méfiance. Ce bois devient le lit dressé pour Jésus, le Fils de Dieu, le Maître de la vie. Jésus y est pendu et hissé comme le ‘’drapeau de Dieu’’. Et les commentaires vont bon train : ‘’pauvre bon type’’, ‘’un homme de cœur’’, l’ami des pauvres et des exclus’’, ‘’Prince de la Paix’’ ou alors, ironiquement appelé ‘’Roi des juifs’’.

Qu’aurait-il fait pour mériter un tel sort, une telle insulte contre l’Amour gratuit de Dieu ? Pourquoi ne s’est-il pas dérobé ni révolté devant ses détracteurs et ses ennemis ? Pourquoi accepte-t-il une telle ingratitude ? Car en réalité, il est présenté à l’humanité comme ‘’ayant la condition de Dieu…mais qui s’est anéanti, s’est abaissé devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix’’ (Philippiens : 2, 6-7). Il ne gagne qu’en nous faisant gagner notre salut !

La Croix, ce bois de la honte nous introduit pourtant au mystère de l’Amour que Dieu porte pour l’humanité. Cet amour est bien loin d’être vraiment compris par l’homme car il n’a rien de calculateur ni de politiquement correcte. Cet Amour est si têtu et déterminé qu’il ne recule devant aucun obstacle : il va jusqu’au bout. Dieu est allé jusqu’au bout de son projet de salut pour l’Homme. Le message de la Croix du Christ est clair : ‘’Dieu veut mourir pour l’homme, son bourreau’’. La foi en Dieu et en Christ va aussi jusqu’au bout. On ne recule pas quand on croit en Jésus et en son message. La croix, la raison d’être de notre pouvoir de résistance : avec elle, nous pouvons ‘’rendre nos visages, durs comme pierre car nous savons que nous ne serons pas confondus’’. Elle nous apprend à devenir des guerriers intrépides. Car aucun disciple n’est plus grand que son maître. Et quelle est la fin du film ? ‘’Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin que tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers’’ (Philippiens 2, 9-10). La mort la plus ignoble c’est celle qui se fonde sur la peur et le désespoir…Une vie humaine sans foi en Dieu est comme une passoire : tout passe et rien ne reste. Mais nous, nous avons plus de raison de vivre car nous vivons d’Espérance.

Aujourd’hui, le Christ entre en triomphe dans sa propre ville pour rendre parfaite son œuvre de salut : ‘’souffrir, mourir et ressusciter’’. Ces trois réalités sont inséparables de notre condition humaine car elles nous côtoient chaque jour. La mort de Jésus n’était pas une défaite mais une victoire, une victoire sur le péché, sur le mal, sur la peur, la panique, le désespoir et sur les ténèbres de toute forme. Ouvrons-lui largement nos cœurs et laissons-lui la place. L’entrée triomphale de Jésus ne se fait plus sur la terre de Jérusalem, c’est désormais dans le territoire de nos cœurs arides et asséchés. Ecoutons les battements de nos cœurs. Que s’y passe-t-il maintenant ? Sentons-nous la peur, la panique, l’amertume, la vengeance, la détresse ou le poids du deuil ? Confions nos états d’âme à Jésus qui s’invite chez nous. Il a un message pour chacun de nous : ‘’Le maître te fait dire : c’est chez toi que je veux célébrer la Pâques avec mes disciples’’ (Mathieu, 26, 18). Osons reconnaître et accueillir la vérité et la lumière que nous offre cette venue triomphale de Jésus chez nous. Même dans la douleur du temps présent, osons lui ouvrir la porte. Il ne veut plus perdre de temps. Il ne nous donne pas la paix éphémère et marchandée que donne le monde mais celle de Dieu qui guérit et un Amour qui nous réconcilie à lui, aux autres et à nous-mêmes. Une paix qui nous rend libres des mauvaises nouvelles de l’entourage et nous aide à tenir debout malgré les croix. Une paix qui nous ouvre à l’autre, à son époux, son épouse, ses enfants, ses parents. C’est bien là le scandale de l’Amour de Dieu. Laissons Jésus venir chez nous et y fêter Pâques. Ecoutons-le car il connaît TOUT !

Pieuse et fructueuse Semaine Sainte !