Archives mensuelles : avril 2020

Rubrique santé Olivia Jalby – Le confinement nuit-il à notre santé ?

Le confinement nuit-il à notre santé ? Dans quel état psychologique et physique l’épidémie nous plonge-t-elle ?

Suite à la propagation du virus Covid-19 qui frappe la planète depuis plusieurs mois, la moitié de l’humanité a été brutalement contrainte à vivre confinée. Bien que les résultats du confinement sur la propagation du Covid-19 se montrent positifs, la question se pose quant aux effets du confinement sur notre santé physique et mentale.

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) met en garde contre les effets négatifs sur la santé des personnes confinées. Des études internationales sont en cours pour déterminer l’impact de ce confinement sur la santé. Bien qu’il soit encore trop tôt pour en tirer des conclusions, les études précédentes, réalisées lors de l’épidémie de SARS ou Ébola, ont montré des dommages psychologiques tels que des troubles du sommeil, une fatigue émotionnelle ou encore un stress post-traumatique, en particulier chez le personnel soignant. Certaines études suggèrent même des effets durables du confinement des mois après l’arrêt de la mesure.

Nous ne sommes pas tous égaux face au confinement : conditions de logement, perte de revenus, isolement social, maltraitance au sein du foyer, promiscuité, santé fragile, etc. Pour certains, cette situation inédite peut se révéler difficile à traverser. Pour d’autres, les contraintes sont mieux vécues.

Après plusieurs semaines de confinement, le manque de liberté et de contact social finit pas se faire sentir, en particulier chez les personnes déjà vulnérables : solitude, ennui, rumination, irritabilité, incertitude par rapport à l’avenir, angoisse par rapport à la santé des proches, etc. Cela entraine un risque d’aggravation des troubles de l’anxiété mais également une augmentation de la dépendance à l’alcool et aux produits stupéfiants, ainsi qu’une augmentation des risques de violences.

Comment pouvons-nous nous préparer à mieux affronter les contraintes que ce confinement impose à notre mode de vie ?

Notre hygiène de vie est la meilleure des préventions pour conserver notre bien-être physique et psychologique :

  • Gardons une routine en structurant les journées : horaires de lever et coucher, temps de travail, activité physique, activités régulières, sans oublier un temps pour se distraire, se relaxer ou méditer.
  • Avec le confinement notre activité physique est en chute libre. La sédentarité renforce les risques de mortalité et de maladies chroniques. Il est donc important de ne pas négliger l’activité physique. Cela ne veut pas dire que nous devons nous mettre à faire du sport intensif mais plutôt pensons à bouger, marcher ou même danser au moins toutes les 30min.
  • Réduisons au maximum le temps passé devant les écrans, en particulier limitons les informations qui relayent des messages anxiogènes. Les écrans ont un impact négatif sur l’anxiété et le sommeil. Concentrons-nous plutôt sur des histoires positives (solidarité, action d’entraide dans la communauté, nouvelle de proches, guérison d’un voisin, etc.) et des actions positives (déposer le repas à une personne âgée, cuisiner, lire, dessiner, etc.).
  • Avec le stress, la tentation de se réfugier dans la nourriture est grande, ce qui engendre des choix alimentaires moins équilibrés (prise d’alcool, alimentation sucrée et grasse). La prise de poids peut être rapide. C’est peut-être l’occasion d’essayer de nouvelles recettes en privilégiant les produits bruts, les légumes, les légumineuses et les fruits. N’oublions pas de nous hydrater en buvant de l’eau !
  • Ne restons pas « confinés » dans le confinement ! N’hésitons pas à demander de l’aide si besoin, que ce soit aux proches mais également aux associations ou aux professionnels médicaux qui restent à l’écoute des personnes en détresse.
  • Nous sommes des êtres sociables par nature. Il est donc impératif que nous gardions un lien à distance (téléphone, internet) avec nos proches. Cela peut être l’occasion de resserrer les liens familiaux et les liens avec notre communauté, d’être à l’écoute de ceux en difficultés mais aussi ne pas avoir peur d’exprimer nos propres difficultés.

En ces temps incertains, prenons soin de nous et de nos proches, restons connectés avec notre communauté et soyons reconnaissants de nos soignants.

 

 

Homélie du Père Augustin du dimanche 26 avril 2020

TROISEME DIMANCHE DE PAQUES

Première Lecture : Actes des Apôtres : 2, 14.22b-33

Psaume : 15

Deuxième Lecture : 1 Pierre 1, 17-21

Evangile : 24, 13-35

Chers frères et sœurs,

Ce 3eme dimanche de Pâques est encore plein de surprise ! Surprise quand on entend Pierre qui témoigne avec force et courage le jour de la Pentecôte : ‘’Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins’’. Il proclame haut et fort qu’avec Jésus, la mort n’a pas le dernier mot ; le projet de Dieu conduit à la vraie vie.

Ce témoignage de Pierre fait aussi écho dans la 2ème lecture : nous sommes rachetés par ‘’un sang précieux ; celui d’un agneau sans défaut et sans tâche, le Christ’’. Nous sommes invités à recevoir cette lettre comme un appel à une véritable conversion intérieure.

C’est dans l’Evangile que la surprise se fait plus sentir. En effet, deux disciples de Jésus reviennent de Jérusalem pour Emmaüs. Ils ont la mort dans l’âme. C’est la fin de leur espérance. Ils attendaient beaucoup de ce ‘Jésus de Nazareth’, « un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple. » Ils ont espéré « qu’il serait le libérateur d’Israël ! » Apparemment tout est perdu, car « les chefs des prêtres et les dirigeants l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié. » L’un des disciples s’appelait Cléophas. Le nom du deuxième disciple n’est pas mentionné. Et si ce disciple était chacun de nous ? La surprise serait plus vivante !

En effet, nous sommes souvent comme ces deux disciples marqués par la tristesse et le découragement. C’est ce qui arrive quand nous voyons notre vie de tous les jours comme une défaite : la défaite de l’Évangile pour les chrétiens persécutés, pour les pauvres, les exclus, les victimes, de la maladie, de la violence, des guerres, de l’abandon. La défaite quand je prie pour une telle intention mais rien. La défaite quand je lutte contre une maladie ou une addiction mais je suis sans résultat. La défaite quand je manque de courage pour prendre une décision de vie. La défaite quand je lutte contre mon mauvais caractère. En cette période de pandémie, ils sont nombreux ceux et celles qui souffrent de la maladie et de la solitude mais aussi de la peur. La défaite c’est tout simplement quand j’ai perdu tout espoir et toute espérance. Et pourtant, sur notre ‘’route d’Emmaüs’’, en temps de désarrois et de confusion, Jésus est là comme il le fit pour les deux disciples ! Il chemine avec nous comme il le fit avec les deux disciples. Mais souvent nous ne le reconnaissons pas vite comme les deux disciples. Comme le dit Saint Augustin : « La Vie marchait avec eux, mais Elle n’était pas encore entrée dans leur cœur. »

Cette route d’Emmaüs, c’est un peu comme un bout de chemin de notre vie avec ses défaites mais aussi ses victoires, ses hauts et ses bas. C’est la route que toute personne, un jour ou l’autre, devra sillonner. Là où l’on se pose beaucoup de questions sans réponses immédiates. Là où, souvent, on s’attend à tout autre chose qu’à Dieu lui-même…Le même Christ nous rejoint sur nos routes. Il rejoint notre monde qui souffre de la pandémie du Covid 19. Si l’humanité l’invite Il se fera découvrir car Il n’est pas loin. Mais trop souvent, notre esprit sans intelligence nous empêche de l’écouter.

Les deux disciples disent à Jésus : ‘’Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse’’. C’est à cela que nous sommes tous appelés : inviter et accueillir le Christ dans nos vies, nous laisser transformer par son Évangile au quotidien. Pour reconnaître le Christ ressuscité, présent dans notre vie, il nous faut le regard de la foi, une foi fondée sur la Parole de Dieu et l’Eucharistie. C’est là où le Christ ressuscité nous rejoint au cœur de nos vies et de nos épreuves pour raviver et fortifier notre espérance.

Et quand on a reconnu et accueilli le Christ vivant, on ne peut pas le garder pour soi-même ; on a envie de le partager sa parole (Evangile) avec le monde. Même si nous ne pouvons plus sortir, nous sommes appelés à témoigner de la foi qui nous anime. Le partage autour d’un passage biblique en famille est une invitation faite à Jésus de rester chez nous.
L’expérience de saint Paul nous ouvre un horizon nouveau. La grâce de Dieu lui a donné la capacité de surmonter bien des épreuves. « Le Seigneur m’a dit : ‘Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse.’ » (2 Corinthiens 12 :9). Venons renouveler nos forces à la Source. Allons à la rencontre de Jésus, notre ‘Compagnon de route’ pour mieux Le découvrir. Le Seigneur ressuscité nous rejoint encore aujourd’hui, ici et maintenant. Puissions-nous avoir, nous aussi, le ‘cœur brûlant’ de le reconnaître et de l’accueillir chez nous, chez lui. Amen !

Homélie du Père Augustin du dimanche 19 avril 2020 Dimanche de la divine Miséricorde

DEUXIEME DIMANCHE DE PAQUES (OU DIMANCHE DE LA DIVINE MISERICORDE).

Actes des Apôtres : 2, 42-47

Psaume : 117

Deuxième lecture : 1 Pierre 1, 3-9

Evangile : Jean 20, 19-31

 

Chers frères et sœurs,

Ce deuxième dimanche de Pâques est aussi appelé Dimanche de la Divine Miséricorde. Et de la Miséricorde, nous en avons tous besoin !

Les lectures du jour nous aident à méditer sur la résurrection du Christ. Dans l’Evangile, Jésus fait encore la surprise. Il apparaît à l’improviste, se tient au milieu de ses disciples et leur dit à la manière juive : ‘’La paix soit avec vous’’. Une Paix pour dissiper la crainte, l’angoisse et l’insécurité qu’ont causé les moments tragiques de ses derniers jours de sa souffrance et de sa mort. Une Paix certainement aussi pour rassurer les siens, les purifier et les fortifier. Pour leur prouver qu’Il est bel et bien vivant, Jésus leur montre les plaies dans ses mains, celles dans ses pieds et dans son côté. Une façon de dire que la résurrection n’échappe ni à la souffrance ni à la mort du corps : il faut passer par la mort en Christ pour vivre éternellement. Mais très vite, Jésus ajoute : ‘’De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie’’, ensuite, Il leur donne le Saint-Esprit avec la mission et le pouvoir de pardonner les péchés. La Bonne Nouvelle ici, est très forte : avec la résurrection, les péchés sont remis et pardonnés. Jésus nous fait ainsi ambassadeurs de la réconciliation. Et, si nous n’y allons pas, cette Bonne Nouvelle de la Réconciliation prendra un coup. Il nous envoie annoncer à notre tour que Dieu est Amour et Pardon. Le seul péché, celui qui est la racine de tous les autres, c’est de ne pas croire à l’amour de Dieu. Il dépend donc de nous, les nouveaux disciples de Jésus par le Baptême, d’aider nos frères à faire l’expérience de cet amour de Dieu afin qu’ils en vivent pleinement. Cette Bonne Nouvelle de Pâques sera effective quand nous aurons accepté d’aller en mission. Nous sommes donc tous envoyés. Mais à qui sommes-nous envoyés et où sommes-nous envoyés ? La mission dont il est question n’est pas nécessairement géographique surtout en ces temps où les transports aériens et terrestres fonctionnent au ralenti. Il s’agit d’une mission qui suppose simplement un mouvement de cœur, un comportement, une disposition et une attitude d’ouverture à l’autre. C’est bien le cas de la première communauté chrétienne : au lendemain de la résurrection tous les peuples étaient devenus des frères assidus à l’enseignement des Apôtres, à la communion fraternelle et ils étaient tous fidèles à la fraction du pain (ou à l’Eucharistie), mais aussi à la prière. Cette communauté de frères avait un seul cœur et un seul esprit. Cela veut souligner la nécessité vitale de la messe pour notre vie de foi, l’importance de la communauté fraternelle autour de l’Eucharistie.

Même si nos mouvements sont présentement limités, nous pouvons engager des actes de solidarité selon nos possibilités ou utiliser les moyens de communication pour atteindre les autres. Aussi et surtout, nos familles peuvent devenir des foyers de d’amour ou des ‘’Eglises domestiques plus créative où la Paix est encore possible, où le pardon est donné par amour et non par contrainte, où la bienveillance est réciproque et la fraternité considérée comme un don et une grâce. C’est à ce prix, que notre ‘’Eucharistie de désir’’ (ou notre Communion de désir) pourra prendre son sens et nous mettre en marche pour une COMMUNE-UNION avec les autres et avec Dieu. Alors, le doute de Thomas de voir Jésus et de toucher ses plaies avant de croire aura un sens : celui de faire sa propre expérience du ressuscité sans seulement se baser sur les récits ni les rumeurs ou les expériences des autres. Car en vérité, le miracle du tombeau vide n’est pas juste une information de rue : c’est d’abord une expérience personnelle de Marie Madeleine, de l’autre Marie, de Pierre et de Jean. C’est ensuite celle du rendez-vous de Galilée et finalement celle des disciples verrouillés par crainte des juifs. Si Thomas doute c’est pour que sa foi devienne une rencontre avec le ressuscité et non seulement un recueil d’information reçus des autres. L’attitude de Thomas est une invitation à privilégier une rencontre avec Jésus et en faire une expérience d’intimité entre deux amis. Le doute de Thomas n’est donc pas un simple refus de croire mais plutôt un appel à la contemplation, à la prière et même à la Lectio Divina. La foi d’une communauté tient bon quand celle de chacun de ses membres est solide. Ainsi, comme Thomas, chacun pourra tomber en adoration et faire surgir de son cœur : ‘’Mon Seigneur et mon Dieu’’. Marchons dans l’Esperance avec le Christ Ressuscité ! Car toute communauté qui vit d’Espérance grandit dans le temps et dans l’espace. Que la Divine Miséricorde soit sur nous maintenant et à jamais ! Amen !

 

Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie !!!

Première Lecture : Actes des Apôtres : 10, 34a.37-43

Psaume 117

Deuxième Lecture : Colossiens 3, 1-4

Evangile : Jean 20, 1-9

Chers frères et sœurs,

 

‘’Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie !’’

C’est la Pâques ! C’est la fête de la résurrection, la fête du retour à la vie ! Mais c’est aussi la fête de la surprise !

C’est le temps du grand silence dans Jérusalem et environs. Malgré la tension, voici Marie Magdeleine qui surprend tout le monde : rois, chefs et gardes. Alors qu’il fait encore sombre, elle est en route pour aller au tombeau de Jésus : Que fait une femme le premier jour de la semaine, très tôt et dans une ville déserte ? Elle n’a certainement pas pu dormir toute la nuit. Surprise aussi dès son arrivée au tombeau : le Corps de Jésus est porté disparu. Quel choque ! Mais Marie Madeleine ne s’arrête pas là. Elle se dit que l’on a certainement enlevé le Corps de son ami Jésus et qu’on l’aurait mis quelque part. C’est encore l’agonie, le cauchemar dans son cœur déjà trop blessé. Il fait encore nuit dans son cœur. Mais elle ne démissionne pas.

Une autre surprise : c’est Marie Madeleine, une femme, qui informe Pierre et Jean du tombeau vide de Jésus. Surprise aussi qu’à l’arrivée de Pierre et Jean, ils font le même constat : le Corps de Jésus n’y est plus. Mais la disposition du linge signale qu’il y a quelque chose d’insolite et de mystérieux qui se passe. Concrètement, tout le monde est confus et perdu. Que s’est-il donc passé entretemps ? Et quel est le message ?

C’est dire qu’en réalité la résurrection de Jésus préfigure notre propre résurrection. Et qu’en fait, nous ne pouvons pas tout comprendre ni tout expliquer : il y aura toujours quelque chose qui nous échappera quant au mystère de la mort. L’essentiel, c’est que Jésus a conquis la mort à coup sûr.

Comme Marie Madeleine, nous pouvons nous inscrire parmi ceux et celles qui cherchent Jésus partout, à temps et à contre temps, même quand le monde entier aurait perdu la foi. Comme elle, nous pouvons nous sentir envoyés en mission pour prêcher la vie et non la mort, quitter le tombeau vide pour rejoindre Jésus, le ressuscité d’entre les morts. Même quand tout le monde aurait des raisons de se décourager, très tôt à l’aube, je peux me mettre en route pour aller voir Jésus : je verrai certainement le linge bien rangé et qui signale que Jésus n’est pas loin mais qu’il n’est pas dans le tombeau.

Surprise aussi quand on entend Pierre dans la première lecture. Ce même Pierre qui a nié ne pas connaître Jésus devant une fillette. Après la résurrection, nous voyons un Pierre chez le centurion romain, qui n’a plus peur. Pierre change subitement de langage et de discours : il témoigne de l’innocence et de la bonté de ‘’Jésus de Nazareth’’ qu’on a ‘’supprimé en le suspendant au bois du supplice et que ‘’Dieu a ressuscité le troisième jour’’. C’est la force de l’Esprit-Saint. Et nous, frères et sœurs, nous pouvons toujours changer et témoigner de Jésus autour de nous. Ne laissons donc pas les difficultés du moment ni nos échecs d’hier nous dominer. Malgré le degré de ‘’nos nuits et de nos ténèbres’’, Jésus nous tient compagnie pour une vie pleine de sens. Car il a besoin de chacun et chacune de nous aujourd’hui, ici et maintenant dans notre environnement immédiat : en famille ou ailleurs. Comme Marie Madeleine, Pierre ou Jean, surprenons notre époux, notre épouse, nos enfants ou parents, nos amis. Quittons nos tombeaux vides pour la vie, la joie, l’harmonie, la paix et le pardon. La grâce du changement c’est maintenant !

Que cette Pâques soit vraiment le début de notre nouvelle vie, une vie en quête de sens avec le ressuscité : car en vérité, Jésus nous fera toujours des surprises !

Christ est ressuscité, Alléluia ! Alléluia ! Bonne fête de Pâques dans la surprise ! Que Jésus ressuscité nous bénisse. Amen !

Vigile Pascale » du « Samedi Saint » 11 avril 2020

VIGILE PASCALE

Evangile: Mathieu 28, 1-10

Chers frères et sœurs,

 

Christ est ressuscité, Alléluia ! Alléluia !

La Bonne Nouvelle de la résurrection du Christ ramène toute l’humanité de la mort à la vie, du découragement à l’Espérance, de la déroute à l’essentiel : c’est à Jésus ressuscité.

La liturgie de cette Nuit Pascale retient notre attention sur la victoire de la lumière du Christ ressuscité sur les ténèbres de la mort. C’est bien le sens du cierge pascal, cette grande et imposante bougie qui s’allume dans le noir de l’Eglise et qui proclame Jésus, la Lumière du monde. Ce cierge nous rappelle notre baptême, notre mort en Christ mais aussi notre vie en lui.

En effet, après la mort de Jésus, les choses se sont vite passées : tout le monde s’est empressé d’aller chez soi par respect pour le Sabbat mais aussi par prudence, car les temps qui courent sont dangereux. Tout le monde vit dans l’incertitude mais aussi en attente de toute moindre information à propos de Jésus, crucifié, mort et enseveli. C’est le suspense. Quelle sera la suite puisque lui-même avait promis ressusciter d’entre les morts après trois jours ? C’est la nuit partout, c’est les ténèbres. Tout le monde, même ses bourreaux ont perdu les repères. Les Apôtres ont disparu et se cachent.

Mais, Marie Madeleine et l’autre Marie prennent le risque de visiter le tombeau de Jésus. Elles y rencontrent l’Ange qui leur donne les dernières informations sur Jésus ‘’Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez voir l’endroit où il reposait…et voici qu’il vous précède en Galilée ; là, vous le verrez’’. Les deux femmes sont prises de peur et de doute. Mais elles ressentent aussi quelques lueurs de joie et d’Espérance dans leur cœur troublé. Sans tarder, Jésus leur apparaît, les salue et leur donne rendez-vous en Galilée.

Notre tendance humaine nous conduit souvent à nous intéresser à ce qui ne va pas plutôt qu’aux opportunités qui se présentent. Marie Madeleine et l’autre Marie s’élèvent au-dessus de la mêlée, elles refusent de se laisser manipuler par l’autorité et résistent à la peur et à la dynamique du groupe : elles bougent et cherchent si quelque chose est encore possible à propos de Jésus, leur Ami et Seigneur. Elles ne veulent être intimidées par personne. Elles font leur propre expérience et advienne que pourra. Il nous arrive souvent de vivre des moments difficiles. Mais lorsque nous prenons le temps de nous ressourcer en Jésus, nous parvenons à le voir surgir de nos ténèbres comme une lumière ou comme une inspiration. Alors, une conversation peut commencer. Il nous parle et nous donne rendez-vous. Du désespoir, de l’incertitude et du découragement Jésus apparaît pour nous rassurer que rien n’est compromis et que tout est encore possible. Il vient par surprise pour nous inviter à continuer le voyage de la vie. Mes échecs, mes peines, mes hontes et humiliations, mes maladies et toutes mes pages noires ne peuvent avoir raison de moi. Jésus ne s’est pas laissé ligoté par la mort. Marie Madeleine et l’autre Marie ont refusé d’être victimes des circonstances. Comme quoi, ne cédons jamais au découragement. Quittons nos tombeaux et rencontrons Jésus en Galilée: il nous y attend.

Christ est ressuscité, Alléluia ! Alléluia !

Bonne veillée pascale dans la paix du soir.

 

 

Chronique du Père Augustin NDAH. Le Temps de Carême

                         LA SEMAINE SAINTE (Avril 05-11)

                                                   PITANCE SPIRITUELLE

 PECHE ECOLOGIQUE : LA PARESSE

Les exigences de notre société moderne font de nous des êtres toujours en mouvement. Nous avons l’impression de chercher à rattraper le temps. Ceci peut nous démotiver à engager pour plus de Solidarité et d’attention aux autres/ prochains. Le Pape François dans son Encyclique Laudato Si, attire notre attention contre cette forme de ‘’globalisation de l’indifférence’’ et nous encourage à passer notre vie à répondre ‘’au cri de la Planète-Terre et au cri du Pauvre’’ (LS. 49). Comment pourrons-nous vivre cet appel en cette Semaine Sainte ?

 LA VERTU ECOLOGIQUE : LA DILIGENCE

Cette Vertu nous invite à donner assez d’attention et montrer de générosité à nos sœurs et frères les plus faibles. Nous sommes appelés à confronter à nous la léthargie de l’inaction car ‘’vivre notre vocation en étant protecteurs de l’œuvre de Dieu est essentiel à la vie de la Vertu’’ LS 217

 ACTE DE GUERISON : S’ENGAGER POUR L’ENDURANCE

Alors que nous amorçons la Semaine Sainte, demandons la grâce de continuer le chemin de la conversion écologique durant et après le Carême et la Pâques. Si possible, identifiez un acte vertueux vous permettant de continuer à témoigner de votre engagement à prendre soin de notre Planète-Terre, notre Maison commune.

UN RECAPITULATIF DE LA SEMAINE SAINTE

Il n’est plus de secret pour personne que la grande partie de notre humanité fêtera la Pâques soit en quarantaine ou en confinement. Ci-dessous un récapitulatif des points forts de la Semaine Sainte :

  • Dimanche 5 avril 2020 : Fête des Rameaux :                                                          C’est le dernier dimanche avant Pâques. L’Église célèbre le dimanche des Rameaux et de la Passion. C’est six jours avant la Pâque juive et Jésus retourne à Jérusalem en triomphe. La foule l’accueille avec des chants et ovations comme le mériterait tout roi bien-aimé. Au sol, c’est le ‘’tapis vert’’ fait de rameaux pour acclamer Jésus lors de son entrée dans la ville. Durant cette liturgie sans fidèles, l’Église célèbre, avant la messe, l’entrée messianique du Seigneur à Jérusalem, telle que les quatre évangiles la rapportent.
  • Jeudi 9 avril 2020: Jeudi saint:                                                                                             A cette date, les chrétiens commémorent le dernier repas (ou la Cène), que Jésus a pris avec ses apôtres. Il prit le pain et le vin, et rendit grâce, instituant ainsi le Sacrement de l’Eucharistie. Au cours de ce même repas, Jésus lave les pieds de ses disciples. Dans beaucoup d’églises, on procède ainsi au rite du lavement des pieds. Ce geste rappelle aux prêtres leur vocation de serviteurs.
  • Vendredi 10 avril 2020: Vendredi saint                                                                  Jour le plus mystérieux de la chrétienté, le Vendredi saint célèbre la Passion du Christ et sa mort sur la croix. Après avoir été trahi par Judas et abandonné par Pierre, Jésus est arrêté et monte au calvaire chargé de sa croix. Nous ne sommes pas en deuil : c’est l’occasion plus que jamais propice pour méditer sur le mystère de la vie, ses souffrances et la mort…C’est le jour du GRAND SILENT en quête de sens !
  • Samedi 11 avril 2020: Samedi saint:                                                                                 La célébration de la nuit du Samedi Saint au dimanche de Pâques est « une veille en l’honneur du Seigneur » durant laquelle les catholiques célèbrent Pâques, passage des ténèbres à la lumière, victoire du Christ sur la mort. C’est un jour de silence et de recueillement où l’on médite sur la mort du Christ.
  • Dimanche 12 avril 2020: Pâques Que Jésus ressuscite dans nos cœurs et dans nos familles. Amen !                                                                                                                         Nous vivrons tous ces évènements dans le confinement et le recueillement depuis chez nous. Une occasion peut-être pour une intimité plus que jamais profonde avec l’Epoux Ressuscité !                                                                             La fête de Pâques est le sommet du calendrier liturgique chrétien, jour de la résurrection du Christ. Ce jour d’allégresse est célébré par une messe solennelle et le clergé s’habille de blanc ou d’or, symbole de joie et de lumière. « Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala se rend au tombeau. La pierre a été enlevée… Les bandelettes ont été déposées…Le linge est roulé à part (Évangile selon saint Jean, 20).

A PROPOS DE LA CONFESSION PASCALE : ” Le Pape François nous répond “

A l’approche des fêtes de Pâques, beaucoup de chrétiens désirent recevoir le pardon dans le sacrement de la réconciliation. Comment faire quand la rencontre avec un prêtre n’est plus possible ?

Lors de la messe du 20 mars 2020, le pape François a évoqué cette question et rappelé quelques points de la foi de l’Eglise à propos du pardon des péchés et du sacrements de la réconciliation. A tous les malades du Coronavirus, à tous les confinés qui ne peuvent pas vivre le sacrement de la réconciliation en cette période de Carême, le pape François rappelle ce que prévoit le Catéchisme pour demander pardon à Dieu. « Je sais qu’à l’occasion de Pâques, beaucoup d’entre vous allez vous confesser pour retrouver Dieu », a dit le pape lors de la messe qu’il célébrait ce 20 mars 2020 en direct streaming de Sainte-Marthe. « Mais nombreux me diront aujourd’hui : “Mais, père, où puis-je trouver un prêtre, un confesseur, puisque je ne peux pas sortir de chez moi ? Et je veux faire la paix avec le Seigneur, je veux qu’il m’embrasse, que mon papa m’embrasse… Comment faire sans prêtre ?” » « Fais ce que dit le Catéchisme », a-t-il répondu : « C’est très clair : si tu ne trouves pas de prêtre pour te confesser, parle avec Dieu, il est ton Père, et dis-lui la vérité : “Seigneur, j’ai manigancé ceci, cela, cela…. Pardon”, et demande-lui pardon de tout ton cœur, avec l’Acte de contrition et promets-lui : “Je me confesserai plus tard, mais pardonne-moi maintenant”. Et tu reviendras immédiatement dans la grâce de Dieu. »

L’art de se confesser. Comment se confesser ? Je commence par faire silence et je regarde Jésus sur la croix. C’est par amour pour moi qu’il a accepté toutes ces souffrances et qu’il a donné sa vie. Je lis ensuite un passage de la Bible, comme un appel à la conversion, par exemple : la première lettre de saint Paul aux Corinthiens 12,31 ; la première lettre de saint Paul aux Corinthiens 13, 1-7 ; le Décalogue Ex 20, Je prie Marie Refuge des Pécheurs et l’Esprit-Saint de m’aider à y voir clair en moi-même. Je fais mon examen de conscience.

Ainsi, a ajouté le pape, « tu peux t’approcher toi-même du pardon de Dieu, comme l’enseigne le Catéchisme, sans avoir de prêtre sous la main… Trouve le moment juste, le bon moment. Un Acte de contrition bien fait, et ainsi notre âme deviendra blanche comme la neige ». Le pape François citait les articles 1451 et 1452 du Catéchisme de l’Eglise catholique, qui stipulent que la « contrition « parfaite » remet les fautes vénielles ; elle obtient aussi le pardon des péchés mortels, si elle comporte la ferme résolution de recourir dès que possible à la confession sacramentelle ». « La contrition dite » imparfaite » (ou » attrition «), poursuit le texte, est, elle aussi, un don de Dieu, une impulsion de l’Esprit Saint. Elle naît de la considération de la laideur du péché ou de la crainte de la damnation éternelle et des autres peines dont est menacé le pécheur (contrition par crainte). Un tel ébranlement de la conscience peut amorcer une évolution intérieure qui sera parachevée sous l’action de la grâce, par l’absolution sacramentelle. Par elle-même, cependant, la contrition imparfaite n’obtient pas le pardon des péchés graves, mais elle dispose à l’obtenir dans le sacrement de la Pénitence. » (Anne Kurian, dans zenit.org)

 

Homélie du Père Augustin du dimanche 5 avril 2020 Dimanche des rameaux et la passion du christ

            DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION DU CHRIST

Première lecture : Isaïe 50, 4-7

Psaume 21

Deuxième lecture : Philippiens : 2, 6-11

Evangile, 26, 14-27, 6

“La Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ”

Chers frères et sœurs,

Pas à pas, nous traversons le brouillard et nous nous acheminons radicalement vers les fêtes de Pâques. La Semaine Sainte commence avec le Dimanche des Rameaux et de la Passion du Christ. Occasion privilégiée pour méditer sur le sens de la Souffrance, de la Mort et de la Résurrection. Le Christ nous y conduit et nous en fait sortir.

Nous sommes à Jérusalem. Il sonne probablement 15 heures. Subitement, il fait déjà nuit, nous dit l’Evangile. Surprise générale. Tout a changé d’un coup. Toutes les autorités politiques et religieuses ont l’air grave. La ville est déserte tout est vide. Deux morceaux de bois croisés se font à peine distingués dans le noir et à côté, un gros marteau et quelques clous. Ces morceaux de bois sont faits pour Jésus, devenu source de contradiction, de soupçon et de méfiance. Ce bois devient le lit dressé pour Jésus, le Fils de Dieu, le Maître de la vie. Jésus y est pendu et hissé comme le ‘’drapeau de Dieu’’. Et les commentaires vont bon train : ‘’pauvre bon type’’, ‘’un homme de cœur’’, l’ami des pauvres et des exclus’’, ‘’Prince de la Paix’’ ou alors, ironiquement appelé ‘’Roi des juifs’’.

Qu’aurait-il fait pour mériter un tel sort, une telle insulte contre l’Amour gratuit de Dieu ? Pourquoi ne s’est-il pas dérobé ni révolté devant ses détracteurs et ses ennemis ? Pourquoi accepte-t-il une telle ingratitude ? Car en réalité, il est présenté à l’humanité comme ‘’ayant la condition de Dieu…mais qui s’est anéanti, s’est abaissé devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix’’ (Philippiens : 2, 6-7). Il ne gagne qu’en nous faisant gagner notre salut !

La Croix, ce bois de la honte nous introduit pourtant au mystère de l’Amour que Dieu porte pour l’humanité. Cet amour est bien loin d’être vraiment compris par l’homme car il n’a rien de calculateur ni de politiquement correcte. Cet Amour est si têtu et déterminé qu’il ne recule devant aucun obstacle : il va jusqu’au bout. Dieu est allé jusqu’au bout de son projet de salut pour l’Homme. Le message de la Croix du Christ est clair : ‘’Dieu veut mourir pour l’homme, son bourreau’’. La foi en Dieu et en Christ va aussi jusqu’au bout. On ne recule pas quand on croit en Jésus et en son message. La croix, la raison d’être de notre pouvoir de résistance : avec elle, nous pouvons ‘’rendre nos visages, durs comme pierre car nous savons que nous ne serons pas confondus’’. Elle nous apprend à devenir des guerriers intrépides. Car aucun disciple n’est plus grand que son maître. Et quelle est la fin du film ? ‘’Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin que tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers’’ (Philippiens 2, 9-10). La mort la plus ignoble c’est celle qui se fonde sur la peur et le désespoir…Une vie humaine sans foi en Dieu est comme une passoire : tout passe et rien ne reste. Mais nous, nous avons plus de raison de vivre car nous vivons d’Espérance.

Aujourd’hui, le Christ entre en triomphe dans sa propre ville pour rendre parfaite son œuvre de salut : ‘’souffrir, mourir et ressusciter’’. Ces trois réalités sont inséparables de notre condition humaine car elles nous côtoient chaque jour. La mort de Jésus n’était pas une défaite mais une victoire, une victoire sur le péché, sur le mal, sur la peur, la panique, le désespoir et sur les ténèbres de toute forme. Ouvrons-lui largement nos cœurs et laissons-lui la place. L’entrée triomphale de Jésus ne se fait plus sur la terre de Jérusalem, c’est désormais dans le territoire de nos cœurs arides et asséchés. Ecoutons les battements de nos cœurs. Que s’y passe-t-il maintenant ? Sentons-nous la peur, la panique, l’amertume, la vengeance, la détresse ou le poids du deuil ? Confions nos états d’âme à Jésus qui s’invite chez nous. Il a un message pour chacun de nous : ‘’Le maître te fait dire : c’est chez toi que je veux célébrer la Pâques avec mes disciples’’ (Mathieu, 26, 18). Osons reconnaître et accueillir la vérité et la lumière que nous offre cette venue triomphale de Jésus chez nous. Même dans la douleur du temps présent, osons lui ouvrir la porte. Il ne veut plus perdre de temps. Il ne nous donne pas la paix éphémère et marchandée que donne le monde mais celle de Dieu qui guérit et un Amour qui nous réconcilie à lui, aux autres et à nous-mêmes. Une paix qui nous rend libres des mauvaises nouvelles de l’entourage et nous aide à tenir debout malgré les croix. Une paix qui nous ouvre à l’autre, à son époux, son épouse, ses enfants, ses parents. C’est bien là le scandale de l’Amour de Dieu. Laissons Jésus venir chez nous et y fêter Pâques. Ecoutons-le car il connaît TOUT !

Pieuse et fructueuse Semaine Sainte !